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Ce fragment de vase en céramique rouge à figures noires et blanches, datant de l’époque géométrique représente dans la partie renflée de la panse une scène de jeux. On a pu déterminer qu’il s’agit des jeux funèbres en l’honneur de Patrocle. Sur le col des cerfs broutant, un sphinx,  un avant de tigre sans doute … et vers le pied à côté d’un fer de lance tout en volute un drôle d’animal, peut-être un lion… Bref des animaux qui n’ont rien à faire avec la scène centrale et qui sont là pour faire du remplissage, tout beau et agréable qu’il soit ! La curiosité de ce vase n’est pas là, ni dans le quadrige qui galope. Seules deux têtes de chevaux  apparaissent, mais le nombre de pattes nous renseigne sur leur nombre. On n’en verra pas davantage sur le fragment. Qu’est-ce qu’il a donc de curieux ? Les spectateurs sont regroupés en rangs serrés sur une tribune pleine et de couleur noire. Ils sont passionnés : certains sont debout et semblent invectiver chevaux et cavaliers, d’autres lèvent les bras. Jusque là rien de nouveau sous le soleil ! Mais ce qui me frappe et me fait soudain rire, c’est que la tribune est jumelée avec une autre, identique et symétrique, où les spectateurs s’agitent de la même façon … Est-ce que les supporters sont suffisamment idiots pour applaudir une scène qu’ils ne peuvent voir puisqu’ils lui tournent le dos ? Y aurait-il deux courses en même temps ? Les Grecs de l’Antiquité n’étaient pas plus bêtes que nous le sommes et on ne voit pas comment il pourrait y avoir deux courses en même temps puisqu’il n’y a qu’un anneau de course dans le stade … Le peintre était-il particulièrement facétieux… N’en était-il pas à une incohérence près ? Avait-il bu un petit coup de trop ? J’élimine tout de suite la dernière hypothèse car le trait est sûr, on voit que sa main n’a pas tremblé… J’élimine également la seconde car il n’y a pas incohérence dans cette scène bien construite, tout au plus de la bizarrerie. Je pense qu’il a fait courir sur tout le pourtour du vase la course de chevaux et que, confronté à la position de la tribune qui par définition est stable, il a imaginé de la doubler pour qu’on puisse lire la scène de n’importe quelle face du vase. Les spectateurs doivent être exactement les mêmes, d’un côté vus de leur profil gauche et de l’autre côté, vus de leur profil droit. Donc, je confirme : « Oui, le peintre était particulièrement facétieux et imaginatif ! »

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